L’association de protection des animaux fait l’objet d’une nouvelle polémique. Des adhérents souhaitent faire la lumière sur sa gestion.

Par Le Point.fr

Modifié le 06/06/2016 à 15:52 – Publié le 06/06/2016 à 09:50 | Le Point.fr

Nouvelle affaire judiciaire pour la Société protectrice des animaux (SPA). Au centre de multiples polémiques depuis 2000, l’association fait l’objet, depuis mars 2016, d’une enquête préliminaire après une plainte contre X déposée par plusieurs de ses adhérents. Selon Le Parisien qui révèle la chose lundi 6 juin, la justice devrait se pencher prochainement sur le montant des honoraires accordés à l’administratrice judiciaire chargée de rétablir la santé financière de l’association entre 2009 et 2012. « Ils peuvent paraître exorbitants (ils s’élevaient à près de 25 400 euros par mois sur la période, soit un total de 1,2 million d’euros, NDLR) », indique l’avocat William Bourdon, qui assiste les plaignants.

Plusieurs personnes remettent, par ailleurs, en cause le titre de vétérinaire de son actuelle présidente, l’animatrice de télévision Natacha Harry. Ces accusations surviennent à trois semaines des prochaines élections internes qui doivent désigner le ou la prochain(e) président(e). Alors que Natacha Harry se représente, cette tourmente médiatique plonge l’association dans une drôle d’ambiance.

Une affaire parmi d’autres

De fait, il y a six mois, l’association des Vrais Amis de la SPA (VASPA) avait également saisi les juges. Ses membres cherchent à élucider les conditions dans lesquelles 20 millions d’euros se seraient évaporés entre 2004 et 2008. Au coeur de cette autre affaire : la revente par de mystérieuses sociétés civiles immobilières de biens immobiliers légués à l’association. Certains appartements achetés à vil prix à la SPA auraient été revendus, quelques mois plus tard, quatre à cinq fois plus cher. L’affaire avait été classée sans suite par la justice en 2011 au motif que « l’infraction n’était pas suffisamment caractérisée ». La VASPA a déposé une nouvelle plainte avec constitution de partie civile pour que l’affaire ne soit pas enterrée.

Depuis 2000, la gestion de la SPA a souvent été épinglée par la Cour des comptes. L’institution lui a consacré trois rapports sévères. « La SPA compromet sa mission de protection animale et trahit la confiance de ses donateurs. Jamais encore la Cour n’a été confrontée à un tel cas », s’était insurgé son premier président, en septembre 2009. Le fonctionnement de cette association – l’une des plus anciennes de France puisqu’elle a été fondée en 1845 – a souvent été jugé opaque. Et l’argent est, selon la Cour, « gaspillé », alors que de nombreux refuges restent vétustes.

Un magot convoité

Pour sa défense, la SPA indique avoir engagé un important plan de rénovation. Selon elle, 6,5 millions d’euros auraient été dépensés pour réhabiliter divers chenils de la structure entre 2014

et 2015. Une enveloppe de 50 millions d’euros sera consacrée à la rénovation de près de 25 sites, assure-t-elle. Reste à organiser des appels d’offres en bonne et due forme. Plusieurs adhérents de l’association mettent en cause l’attribution sans appel d’offres de certains chantiers, ce que dément la direction.

En situation financière délicate il y a encore dix ans, la SPA dispose aujourd’hui de fonds importants : une trésorerie de 64,6 millions d’euros qui tient beaucoup aux dons de ses 23 600 adhérents. En 2015, les legs de généreux donateurs, attachés à la défense des animaux, ont dépassé les 30 millions d’euros, soit 56 % des recettes annuelles de cette association qui compte pas moins de 600 salariés.